Billets d'humeur
Mes derniers billets datent d'un certain temps ... J'ai l'espoir de m'y remettre bientôt.
et si ça coûtait vraiment ce que ça coûte
J'essaie de réfléchir à certaines situations de la vie courante en ayant recours au concept économique des externalités et à leur internalisation, développé au début du 20e siècle. Il me semble qu'il y a là des arguments intéressants, tirés des principes de l'économie de marché, pour appuyer des choix politiques dans l'intérêt du plus grand nombre.
Et si nos journalistes faisaient mieux
Je suis souvent très frustré, déçu, de la manière dont les informations sont rapportées ... comme si plusieurs journalistes se contentaient de recopier le communiqué de presse, sans apporter de perspective, de contexte ni de distance. Quant aux commentaires, ils sont souvent convenus, bien-pensants, remplis de lieux communs. À une époque où on est inondés d'informations c'est justement maintenant où on aurait le plus besoin que nos journalistes nous aident à faire des liens entre les événements, à voir au-delà des apparences.
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On veut pas le sawère
Le téléphone sonne ... 20h ... un sondage!
Voulez-vous répondre à nos questions sur la qualité du service de la STM? Oui, que je veux! Dire tout le mal que je pense de la gestion "en flux tendus" (comme apprennent ceux qui font un MBA) qui fait que les autobus et les métros sont toujours bondés, quelle que soit l'heure de la journée! Dire tout le mal que je pense de la propreté! Dire surtout tout le mal que je pense de la façon de conduire des conducteurs d'autobus, véritables dangers publics: démarrage l'accélarateur au plancher, arrivée à l'arrêt en freinant des deux pieds. Dire tout le mal que je pense des usagers incapables de se lever pour une vieille dame ou une femme enceinte. Dire tout le mal que je pense des autobus où il est impossible de rentrer avec une poussette. Dire tout le mal que je pense des tarifs exhorbitants.
Oui, je veux répondre à votre sondage! Certes, il est tard, il faut coucher le plus vieux, lire une histoire ou chanter une chanson ... mais ça attendra un peu: j'ai l'occasion de faire entendre ma voix! Et quelqu'un va écrire minutieusement tout ce que je vais dire et quelqu'un d'autre va analyser mes réponses et mes commentaires se retrouveront quelque part peut-être au coeur d'un sommaire exécutif, ...
Mais avant de répondre, il faut se qualifier! Première question: combien de fois par mois prenez-vous les transports en commun? À peu près deux fois. J'exagère un peu! Je ne veux pas vraiment mentir, mais je veux quand même me qualifier! Or je me doute bien que si je réponds que je ne les utilise pas, je ne me qualifierai pas. Mais j'ai des scrupules à dire que je les prends tous les jours alors que ce n'est pas le cas. Deux fois devrait faire l'affaire.
Eh bien, non! La STM ne veut pas de l'opinion de ceux qui n'utilisent pas ses services! La STM ne veut pas savoir pourquoi je n'utilise pas ses services! La STM ne veut que l'opinion de ceux qui utilisent ses services, soit parce qu'ils en sont raivs, soit parce qu'ils n'ont pas le choix. La STM ne veut pas savoir ce qu'elle devrait faire pour que je devienne son client. D'ailleurs, je ne demande qu'à devenir client ... je veux aller au travail en métro! En plus, c'est à deux pas de chez moi et à deux pas du travail.
Mais ma voiture me coûte moins cher que le métro (tous frais inclus, assurance, essence, changement des pneus, entretien, ... tout)! Et elle est plus propre! Et elle est là quand j'en ai besoin! Et il n'y a pas d'incident technique qui m'oblige à marcher! Et le conducteur est aimable! Et il conduit prudemment ... au moins, je n'ai pas l'impression de me faire arracher l'épaule à chaque démarrage et à chaque arrêt!
Une tendance naturelle à la discrimination?
Intuitivement, on peut penser que la discrimination est un phénomène aussi vieux que l'homme … et que la femme. Nous sommes naturellement méfiants de l'autre, celui qui ne nous ressemble pas, qui est différent [Tahar Ben Jelloun, «Le racisme expliqué à ma fille», Éditions du Seuil, Paris, 1999]. L'accent, le vocabulaire, la façon de lasser ses chaussures ou de tenir sa fourchette à huîtres, … les plaques d'immatriculation, même, sont autant de signes que nous utilisons pour préjuger de l'autre. Préjuger qu’elle sera moins productive au travail, qu’il sera plus susceptible de s’adonner à la criminalité, qu’il ramènera beaucoup de clients, qu’elle ne supportera pas la pression, …
Depuis quelques centaines d'années, nous luttons contre cette tendance qui nous habite. L'éternel combat culture–nature : notre partie rationnelle, intellectuelle, écrit des lois, des chartes, des traités pour abolir toutes formes de discrimination pendant que notre partie instinctive nous pousse à des comportements que nous nous refusons à nous admettre. Notre partie rationnelle adopte des codes de bonne conduite, des lignes directrices, des résolutions; on veut se doter de critères objectifs pour sélectionner le candidat à un emploi ou un logement, pour un contrôle d’identité ou la détermination de la peine, …
Mais ces critères que nous voulons objectifs le sont-ils vraiment? Ou sont-ils, eux aussi, à l’image de ceux qui les établissent? Ne nous confortons-nous pas dans les préjugés et les stéréotypes qui nous habitent et qui sont à la base de notre représentation préconçue de l’autre, de manière souvent inconsciente d’ailleurs?
On dit qu’il faut moins de quatre minutes aux recruteurs pour qu’ils se forment une opinion du candidat qu’ils reçoivent en entrevue. Dans notre vie de tous les jours, nous sommes sans doute souvent beaucoup plus rapides à nous forger une opinion d’autrui, que ce soit un client, un fournisseur, une consœur, un voisin ou une future belle-sœur! Nous sommes extrêmement rapides à classifier les gens que nous rencontrons, mais sommes-nous vraiment performants en ce domaine? À vouloir rapidement séparer les gens en ceux qui nous ressemblent et ceux qui nous diffèrent, ne manquons-nous pas des opportunités extraordinaires de rencontre, de développement, d’enrichissement, d’échanges, de mutualité?
Quelle que soit la part de « nature » qui nous habite, quasi inexistante chez certains, malheureusement omniprésente chez d’autres, il est primordial que nous la reconnaissions et admettions qu’elle fait partie de nous. Ce n’est qu’à cette condition que notre part de « culture » pourra ultimement emporter les combats qui se livrent en nous.
De manière très troublante, l’étude socio-économique des membres du Barreau (2008-2009) révèle qu’il existe un écart moyen de revenu de près de 30 000$ entre les avocats et les avocates. Si cet écart s’explique en partie par la différence d’âge, d’expérience, d’heures travaillées, … au moins 30% de l’écart de revenus, soit 9 000$, n’est explicable par aucun facteur rationnel … sauf la discrimination dont sont victimes les femmes dans notre profession. Aucun d’entre nous ne se croit sexiste. Tous, nous croyons que l’égalité des sexes est une bonne chose et que cette égalité est largement réalisée. Or, les données objectives démontrent que l’égalité est loin d’être atteinte, à tout le moins en ce qui concerne les salaires.
Alors qu’elles composent près de 50% de la profession (et 60% des étudiants en droit), les femmes sont largement minoritaires au sein de la pratique privée. Non pas que la pratique privée soit le paramètre normatif du succès. Mais le fait qu’une majorité de femmes quittent la pratique privée après y avoir exercé pendant quelques années devrait nous interpeller. De la même façon nous devrions être interpellés par la relative faible proportion des minorités visibles au sein de notre profession.
Si nous ne faisons rien, notre profession ne sera-t-elle pas la perdante du combat culture–nature? Le changement des mentalités qui a permis l’arrivée des femmes puis des groupes racisés au sein du Barreau doit se poursuivre afin notamment de créer les conditions de pratique qui permettent à tous de s’épanouir et de contribuer à l’avancement de la profession. Les modes de pratique du droit qui ont été si profitables pour les générations les plus vieilles doivent être repensés pour correspondre aux valeurs des avocats et des avocates d’aujourd’hui.
janvier 2010
MOntrer l'exemple
Des "personnalités" sonnent la charge pour une hausse des frais de scolarité! Selon elles, il faudrait qu'ils soient au moins doublées!!!
Si les frais de scolarité universitaire au Québec paraissent ridiculement bas, ils paraissent d'autant plus ridicules lorsqu'on les compare aux salaires mirobolants que certains diplômés universitaires obtiennent ... grâce à leur diplôme. Dans certains cas, le diplôme universitaire constitue même une garantie d'emploi!
Me Lucien Bouchard, avocat émérite, pratiquant chez Davies Ward Phillips & Vineberg n'a certainement pas à se plaindre de son salaire. Pas plus que madame Monique Jérôme-Forget, conseillère spéciale auprès du cabinet d'avocats Osler, Hoskin & Harcourt.
Il y a un certain cynisme pour ces grands gagneurs à exiger que les étudiants paient plus cher leur formation universitaire, alors qu'eux l'ont obtenue au rabais et en profite largement.
Et si, au lieu d'imposer une barrière à l'entrée, on n'établissait pas un système en vertu duquel les diplômés universitaires paieraient à leur alma mater une forme de rente au succès. Un système où, par exemple, tous les diplômés universitaires qui gagnent plus de 2 fois le salaire minimum reverseraient 1% de leurs revenus, à vie, à leur université!
S'ils avaient un minimum de décence, c'est ce qu'auraient proposé ces "politiciens et personnalités du milieu de l'éducation" et ils auraient donné l'exemple en signant le premier chèque.
février 2010
Dépenses en santé
Au-delà de la question du nécessaire financement de la santé, je me demande si notre système de santé a la capacité de gérer efficacement les sommes que nous y dépensons. On parle beaucoup du nombre d'Américains qui n'ont pas d'assurance maladie, mais nombre de Québécois se trouvent dans une situation semblable en n'ayant pas accès à un médecin ou en devant attendre 18h dans une clinique ou une urgence pour en voir un.
Les dépenses totales de santé au Québec en 2009 seraient de 38 milliards de dollars. Avant de se dire qu'il n'y a pas assez d'argent, est-ce qu'on est convaincus que ces sommes sont dépensées de la meilleure manière?
Nos hôpitaux sont sales, les listes d'attente n'en finissent plus, des opérations urgentes n'ont pas lieu, nos urgences sont débordées, nos infirmières sont déprimées, ... Il me semble, bien humblement, qu'à 38 milliards on pourrait (devrait) faire mieux.
Nous sommes (le Canada) parmi les pays de l'OCDE qui possèdent le moins de médecins par habitant, qui diplôment le moins de médecins, qui possèdent le moins de lit d'hospitalisation, ... Sur les 30 pays de l'OCDE, seuls 9 dépensent plus que nous (% PNB) en santé, sur les 26 pays pour lesquels on a des données 2007, seuls 3 dépensent plus que nous (per capita) en santé! Même au Danemark, la santé coûte moins cher! Et si en Suisse la santé coûte plus cher, il n'y a au moins pas de problème d'accès, pas de problème de maladies nosocomiales et les infirmières québécoises s'y précipitent pour aller travailler.
En dépendant plus que les autres, on fait moins bien.
Est-ce qu'en dépensant encore plus on arrivera à faire mieux
Personnellement, j'en doute!